Un théâtre dynamique
Niché dans les montagnes de Wuliang, le village de Yanzitou, un hameau isolé habité par six groupes ethniques (Han, Yi, Bai, Dai, Li et Hani), est confronté au paradoxe du déclin rural au milieu de son paysage immaculé. Avec seulement 71 ménages, le village est confronté à la dépopulation et au vieillissement de ses habitants, les jeunes émigrant pour travailler.
Pourtant, les week-ends débordent de vitalité lorsque les enfants reviennent des écoles de la ville, remplissant de rires la place située près du musée d'histoire du village. La maison du livre, située sur un étroit terrain rocailleux entre deux vieilles habitations et ombragée par un raisinier tentaculaire, sert à la fois de passerelle culturelle vers le futur centre communautaire et de phare pour le rajeunissement rural.
En raison des contraintes de temps, d'espace et de préservation de l'arbre séculaire, la conception adopte une approche improvisée. En collaboration avec des artisans locaux, des barres d'acier nervurées de 12 mm ont été tissées en arcs semblables à des branches, en porte-à-faux depuis le toit pour former une double canopée avec la couronne de l'arbre. Les voûtes en béton coulé sur place remplacent les matériaux traditionnels « chaume et terre », garantissant la résilience tout en évoquant l'abri primitif. Les toits circulaires superposés, qui rappellent les champignons originaires de la région, insufflent un symbolisme ludique à la structure.
Rejetant les finitions polies, le béton ordinaire a été utilisé pour adopter l'esthétique brute de l'artisanat rural. Les défauts de construction ont été méticuleusement affinés, préservant la chaleur tactile du travail manuel. Le résultat est une texture tactile, à la fois robuste et digne, qui s'harmonise avec l'identité vernaculaire du village.
La lumière naturelle filtre à travers les creux d'arbres préservés, un oculus central et les vides des escaliers, animant l'espace avec des motifs toujours changeants. Des colonnes arquées en acier projettent des ombres, tandis que des étagères semi-sphériques - tissées à partir de tiges d'acier de 6 mm et revêtues de panneaux acryliques translucides et saturés de couleurs - diffusent des reflets kaléidoscopiques. Un mur courbe incliné sert de siège, où les enfants s'allongent pour regarder la lumière du soleil traverser l'espace, transformant la maison des livres en un « théâtre vivant » de la lumière et du temps.
Le toit emblématique en forme de champignon change de caractère : vu de l'allée est, il ressemble à un bord de chapeau ; vu d'en haut, à un visage fantaisiste. Une disposition ouverte et des sentiers ascendants mènent à une plate-forme sur le toit où les enfants interagissent avec l'arbre à raisins, récoltent ses fruits ou contemplent la canopée de l'ancienne forêt. La nuit, illuminée comme un ovni en lévitation, la structure devient un point de repère fantastique du village.
Conclusion : Un vaisseau de la continuité culturelle - Plus qu'une structure physique, la maison du livre incarne la résilience culturelle. Elle jette un pont entre la tradition et la modernité par le biais de récits matériels, relie la croissance individuelle à la mémoire collective et réimagine les espaces ruraux comme un terrain fertile pour les possibilités futures. Ici, la nostalgie n'est pas une préservation passive, mais une croissance active, enracinée dans le patrimoine mais tournée vers de nouveaux horizons.