Jardin et paysage
Le prix René Pechère 2022 a été remis ce lundi 7 novembre au Centre International pour la Ville, l’Achitecture et le Paysage (CIVA).
La lauréate est Catherine Maumi pour son livre "Frederick Law Olmsted-Architecte du Paysage".
Le prix pour le livre mentionné a, lui, été décerné à Michael Jakob pour "La Fausse Montagne ».
Frederik Law Olmsted (1822-1903) est une figure majeure de l'architecture du paysage, l'initiateur de ce que l'on a appelé la Landscape architecture. L'édition française de ses écrits avait été entreprise il y a environ ¼ de siècle par Marc Bédarida, qui dirigeait les éditions de La Villette. Une première sélection était parue en 1971 aux Etats-Unis et 11 volumes de ses "papers" sont parus depuis 1977. Le paysagiste américain n'ayant pas laissé d'ouvrage général sur son métier, il s’agit ici de 21 écrits épars : rapports, articles de presse, fragment d'un essai autobiographique, correspondance.
Ces écrits ont été classés en 4 chapitres : l'invention des grands parcs publics américains, l'organisation de la métropole à venir et le park system, l'invention du suburb (extensions suburbaines) et d'un certain modèle résidentiel, enfin la préservation des sites naturels.
Le livre est préfacé par l’architecte-paysagiste Michel Desvigne qui depuis longtemps revendique l'héritage d'Emerson et Thoreau, figures essentielles de la philosophie transcendantale américaine, et d'Olmsted lui-même, de ses "systèmes de parc », de son rapport à la géographie, et qui y voit le modèle d'une profession qui échapperait au service des architectes et ingénieurs, ou de simples jardiniers et introduirait dans le paysage une "cohérence" qui échappe aujourd'hui aux aménageurs. Il renvoie notamment à ses projets d'Euralens et du plateau universitaire de Saclay.
Le recueil est présenté sur 80 pages, illustré et écrit par Catherine Maumi (1965), historienne du paysage, notamment américain.
Plus que théorique ou spéculative, cette présentation est historique, très bien menée. Elle restitue les sources de la pensée du paysagiste, l'importance de ses longs voyages en Europe, ses enquêtes, la diversité de ses occupations (géomètre, marin, agriculteur, journaliste, écrivain, administrateur, concepteur de paysages, gestionnaire, sa puissance de travail, les difficultés politiques que lui valut le système des "dépouilles", et surtout sa confiance dans la nature, même artificielle et recréée, au sein même des nouvelles métropoles, un paysage reposant, pacifiant, dessiné sans trop d'égards pour les catégories esthétiques existantes.
Michael Jakob analyse comme une "forme symbolique", une collection de signes composés "avec soin" et qu'il faut savoir décrypter, et des objets, des formes derrière lesquels "se cachent des trésors d'intelligence enfouie". Ces objets, il les analyse en treize moments-clés, depuis les Parnasse des jardins de la Renaissance jusqu'aux productions de l'art contemporain, en passant par le piédestal de la fontaine des Quatre-Fleuves du Bernin, les fêtes de l'Être suprême, certaines folies de parcs, le jardin des Buttes-Chaumont, les expositions suisses et universelles, l'Alpine Architektur de Bruno Taut, les montagnes de débris berlinoises et le faux Matterhorn, le Cervin californien de Walt Disney, dont l'ossature métallique fournit son image de couverture.
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