Calder Gardens, l’art se cache sous terre
À Philadelphie, le nouveau centre d’art Calder Gardens surprend par sa discrétion. Conçu par Herzog & de Meuron avec le paysagiste Piet Oudolf, ce projet de 90 millions de dollars semble presque vouloir s’effacer.
Il faut presque s’y perdre pour le trouver. Sur le Benjamin Franklin Parkway, artère monumentale bordée de musées, un jardin à peine visible semble se dissoudre dans le paysage. C’est Calder Gardens, nouveau centre dédié à l’artiste Alexander Calder, inauguré cette semaine après plus de dix ans d’attente.
Et, ironie délicieuse : l’un des plus grands sculpteurs du mouvement trouve enfin un écrin qui bouge à peine.
Une œuvre architecturale tout en effacement
L’agence Herzog & de Meuron, accompagnée du paysagiste Piet Oudolf, signe un bâtiment semi-enterré dont seules quelques lignes d’acier et une prairie de fleurs sauvages émergent.
Pas de monumentalité, pas de geste tapageur : ici, la lumière et le vent font le travail.
“Nous voulions que les œuvres respirent, que le visiteur ait le sentiment d’entrer dans une respiration partagée entre art et nature”, confie Jacques Herzog.
À l’intérieur, les galeries serpentent entre des murs de béton clair, des ouvertures tamisées et des perspectives vers le ciel. Les mobiles et stabiles de Calder, suspendus dans des puits de lumière, semblent flotter dans un calme presque religieux.
Une autre idée du musée
Contrairement à la plupart des institutions, Calder Gardens n’impose ni parcours, ni cartels explicatifs. “On a voulu désapprendre la visite guidée”, explique Juana Berrío, directrice de la programmation. “Ici, on écoute d’abord le silence.”
Cette philosophie fait écho à une tendance mondiale : celle d’un retour à l’expérience sensorielle dans les musées, à rebours des écrans et de la saturation visuelle.
Un pari urbain et écologique
Implanté au cœur de Philadelphie, entre le musée Rodin et la Barnes Foundation, le lieu a été pensé pour s’effacer dans le tissu existant. Son toit végétalisé abrite plus de 250 espèces de plantes.