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Gravité architecturale

    Cette résidence en béton d’IGArchitects à Okinawa, au Japon, allie permanence et intimité, s’inspirant des tombes anciennes pour fusionner tradition intemporelle et forme moderne.

    Nichée sur un site modeste entouré d’immeubles d’un côté et de la verdure feutrée d’un cimetière adjacent de l’autre, Pyramid Hut relève le défi délicat de répondre à son contexte tout en affirmant sa propre autonomie architecturale.

    Conçue pour un couple, la résidence occupe un terrain en pente dont les limites sont brouillées par la végétation envahissante. Dans ce cadre particulier – un terrain semblable à une vallée où la présence forestière du cimetière se confond avec le site, IGArchitects a opté pour une conception d’isolement et de résilience.

    La forme est frappante : une pyramide à base carrée surélevée par des murs de soutènement étagés, dont la géométrie rappelle celle d’un sanctuaire.

    Cette structure en béton austère, ancrée dans la couche dure de calcaire de Ryukyu, rayonne de permanence, comme si elle pouvait survivre au site lui-même. La décision de limiter les ouvertures sur les fondations et le toit souligne son sentiment d’intimité et de stabilité, protégeant ses intérieurs du monde tout en permettant à la lumière de pénétrer de manière sélective.

    Une telle retenue confère à la maison une gravité architecturale, une structure conçue pour perdurer et évoluer au-delà de sa fonction initiale.

    À l’intérieur, la maison se déploie comme une composition tripartite sur trois niveaux. Le niveau d’entrée accueille les espaces utilitaires comme la salle de bains et l’entrée, regroupés de manière compacte pour optimiser l’efficacité.

    Le niveau intermédiaire, abaissé d’un mètre, abrite les espaces de vie et de restauration ainsi qu’un bureau, incarnant un sentiment d’ouverture et de connexion.

    Enfin, le niveau le plus élevé, réservé à la chambre et aux quartiers privés, conserve une tranquillité intime. L’esthétique intérieure est brute mais chaleureuse, où les accents de bois sous une lucarne adoucissent la masse de béton, évoquant une ruine imprégnée du potentiel d’habitation.

    Cette interaction entre tradition et modernité trouve son expression la plus poétique dans la ressemblance de la maison avec les tombes d’Okinawa, des structures réputées pour leur durabilité, leur importance culturelle et leur double rôle d’espaces de recueillement et de fête.

    Bien que la forme de Pyramid Hut ait été guidée par des considérations pratiques (climat, vent, pluie et budget), elle incarne une permanence presque spirituelle, faisant écho à la sagesse des conceptions anciennes. Le résultat est une maison qui semble aussi enracinée dans son lieu qu’indépendante de ses contraintes temporelles.

    — 19 Janvier 2025 —