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L’optimisation de l’espace vertical

    Au 87 rue Notre-Dame des Champs, dans le 6e arrondissement de Paris, se dresse un édifice dont l’histoire révèle des strates insoupçonnées. Un bâtiment industriel des années 1950, ayant abrité l’ancien siège de la MAIF, accueille désormais l’Université Panthéon-Assas et des logements en surélévation. Livré en septembre 2024 par B+A Architectes, ce projet marque un tournant significatif dans l’histoire de l’Université Paris II Panthéon-Assas et témoignant d’un engagement pour la préservation du patrimoine ordinaire.

    Le projet s’inscrit dans une logique de densification raisonnée du tissu parisien. Sa double vocation — enseignement et logement — incarne les principes de la ville durable contemporaine. L’ensemble architectural, à la fois réhabilité et surélevé, s’intègre harmonieusement dans son contexte.

    Conçu en 1957 par Jean-Pierre Epron — alors étudiant aux Beaux-Arts et futur théoricien majeur de l’architecture française — le bâtiment fut initialement le siège de l’imprimeur Marinoni. Sa structure en béton, caractérisée par des planchers nervurés ultra-fins et des potelets biseautés, témoigne de l’ingéniosité d’après-guerre qui privilégiait l’économie de matière, anticipant ainsi les préoccupations contemporaines de durabilité et d’optimisation des ressources. Dans les années 1980, le bâtiment devient le siège de la MAIF. Si sa structure d’origine est préservée, sa façade disparaît sous un habillage moderne. En 2025, le nouveau complexe universitaire et résidentiel renoue avec ses qualités architecturales originelles, tout en les adaptant aux exigences contemporaines. Le bâtiment existant, qui s’élève sur deux étages (R+2), occupe la quasi-totalité d’une parcelle de 50 mètres de profondeur. Cette configuration particulière, limitant toute extension horizontale, a nécessité une réflexion approfondie sur l’optimisation de l’espace vertical.

    Le programme développe 3 000 m² d’espaces universitaires conçus comme un écosystème d’apprentissage contemporain. Les plateaux existants ont été transformés en espaces d’enseignement modernes, intégrant des salles de classe modulables, des bureaux pour doctorants et un auditorium équipé des dernières technologies. Au cœur du projet se trouve un pôle chercheurs dynamique qui stimule les échanges intellectuels à travers des espaces collaboratifs et des salles de réunion dédiées. Les espaces de bureaux, conçus avec flexibilité, s’adaptent aux besoins évolutifs de l’université. L’ancien parking souterrain a été converti en Learning Center, conjuguant ressources numériques et espaces de travail. Des espaces de détente et de convivialité en extérieur enrichissent l’ensemble. En surélévation, trois nouveaux niveaux accueillent quatre logements en accession qui bénéficient d’une conception raffinée, maximisant l’apport de lumière naturelle et offrant des vues remarquables sur Paris. Un rooftop accessible vient compléter le projet créant une respiration bienvenue dans le tissu urbain pari sien.

    La transformation du bâtiment s’articule autour de plusieurs interventions ciblées, véritables pivots de sa renaissance. L’élargissement du patio existant génère un puits de lumière naturelle généreux, soigneusement dimensionné et positionné pour irriguer l’ensemble des niveaux jusqu’aux espaces en sous-sol. L’insertion précise de nouveaux noyaux de circulation répond aux exigences fonctionnelles et réglementaires actuelles. Ces noyaux, stratégiquement positionnés, optimisent les flux tout en s’intégrant harmonieusement à l’existant. Les façades, libérées de leurs ajouts successifs, retrouvent leur épure originelle. Elles sont traitées dans une palette de blancs qui souligne la rigueur du calepinage. La surélévation en structure légère acier-bois préfabriquée se pare d’aluminium naturel, créant un jeu de reflets qui l’intègre au ciel parisien et ses toitures en zinc. Les menuiseries en bois, incluant de rares volets roulants dans le même matériau, creusent la façade et affirment sa vérité structurelle.

    L’approche environnementale du projet se manifeste à travers plusieurs stratégies complémentaires. La préservation maximale de la structure existante, validée par des tests de charge rigoureux, a permis de limiter les démolitions aux seuls éléments nécessaires. Les planchers d’origine ont été renforcés de manière non invasive par des plats carbone, conjuguant ainsi respect du patrimoine et performance structurelle. Le choix de matériaux pérennes et recyclables témoigne également d’une approche responsable. La surélévation est réalisée en structure légère acier-bois préfabriquée. Ce mode constructif «en mécano» minimise l’impact du chantier tout en permettant une mise en œuvre précise. L’utilisation de l’acier, matériau au cycle de vie infini, s’est imposée pour assurer la continuité structurelle avec le bâtiment existant. Les planchers en bac acier, version contemporaine des planchers nervurés d’origine, poursuivent cette logique d’économie de matière.

    — 2 Juin 2025 —