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Une vitrine contemporaine

    ACDF Architecture présente la bibliothèque T-A-St-Germain nouvellement inaugurée, située au centre-ville de Saint-Hyacinthe au Canada. Polyvalente et dynamique, la nouvelle bibliothèque favorise les rencontres spontanées, les échanges informels, les découvertes et l’épanouissement dans un environnement chaleureux et empreint de quiétude.

    Au-delà du modèle traditionnel de la bibliothèque centrée sur l’apprentissage par la lecture, ce tiers-lieu culturel de 4 850 m2 offre une programmation variée répartie sur 3 étages. Parmi les principales fonctions qu’on y retrouve, notons 2 salles multifonctionnelles, une aire d’exposition, un espace cotravail, des studios de création multimédia (FabLab), un laboratoire informatique, un café, une terrasse, et des zones bien définies pour les enfants, les adolescents et les adultes.

    Première pierre pour un nouveau corridor riverain

    En lien avec la vision structurante de la ville de Saint-Hyacinthe qui vise à freiner l’exode des commerçants et des résidents du centre-ville historique vers de nouveaux pôles de développement urbain en bordure des grands axes routiers et autoroutiers, la ville de Saint-Hyacinthe a fait l’acquisition d’un site stratégique au cœur du centre-ville. Aux abords de la rivière Yamaska et du pont Barsalou, le site constitue un important point d’accès du centre-ville pour les communautés résidant sur la rive ouest de la rivière.

    « Le projet agit comme le point de départ d’un grand projet de développement urbain voué à la mise en valeur de la rivière Yamaska et c’est donc au cœur du tronçon art et culture du nouveau corridor riverain piétonnier et cyclable de 2,4 km que la nouvelle bibliothèque est positionnée » explique Maxime-Alexis Frappier, associé principal d’ACDF Architecture.

    Conservation d’un bâtiment sain

    ACDF a d’abord été mandaté pour réaliser un programme fonctionnel d’avant-garde et mener différentes études afin de déterminer si l’édifice à bureaux existant, vacant depuis plusieurs années, allait devoir être démoli ou complètement transformé pour permettre de créer un projet culturel rassembleur et emblématique. Fort de son expérience dans la transformation de bâtiments existants, et convaincu qu’au nom de l’environnement les architectes doivent mettre tout en œuvre pour conserver les bâtiments sains, ACDF a su démontrer la viabilité de conserver l’immeuble existant malgré des contraintes importantes, mais pas insurmontables incluant : une faible hauteur libre des étages, un enjeu d’accessibilité universelle en rapport avec la topographie du site et le positionnement des planchers, un esthétisme peu enthousiasmant et une grande empreinte sur le site qui libère peu d’espace pour les fonctions extérieures et les aires de stationnement.

    « La structure était saine, l’enveloppe encore efficace, et les parvis végétaux matures et de belles qualités. Comment aurions-nous pu justifier une démolition? Nous avons voulu relever le défi et concevoir un projet emblématique, capable d’agir tel un phare culturel à l’extrémité nord du centre-ville de Saint-Hyacinthe, tout en conservant autant que possible les composantes du bâtiment existant et en diminuant ainsi l’impact carbone relié à la réalisation d’une telle infrastructure. » explique Maxime-Alexis Frappier. 

    Une approche sobre et équilibrée

    En lien avec cette volonté de créer un bâtiment emblématique pour la ville, avec des moyens modestes, les architectes se sont engagés à concevoir une architecture empreinte d’une certaine sobriété formelle et tectonique, axée sur des articulations volumétriques simples, plutôt que de considérer une approche architecturale axée sur la création de gestes grandioses ou une expression architecturale flamboyante.

    L'approche préconisée adopte une vision durable de l'architecture en réhabilitant un modeste bâtiment postmoderne de 1987 situé au cœur du quartier historique de Saint-Hyacinthe. Plutôt que de démolir le bâtiment existant encore très sain, ou encore de proposer un remplacement complet de son enveloppe encore en très bonne condition, ACDF a proposé une approche qui repose sur un double état d'esprit, mêlant pragmatisme et créativité.

    Revêtu d’une peau de verre blanchâtre agissant tel un phare dans le paysage le soir venu, l’agrandissement se distingue subtilement par rapport au bâtiment existant, sans non plus chercher à prendre toute la place. Sa sobriété volumétrique et son enveloppe de verre aux modules similaires à l’existant sont des caractéristiques qui permettent de créer un tout cohérent. C’est une intégration équilibrée qui témoigne bien de la frugalité architecturale recherchée initialement et qui est maintenant tellement nécessaire pour répondre aux enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés.

    Magnifier et illuminer l’existant

    Ainsi, ACDF a proposé de conserver le bâtiment existant, avec ses forces et ses faiblesses, et choisi de lui annexer un agrandissement capable d’agir en complémentarité avec l’existant. Les architectes ont été en mesure de magnifier les qualités architecturales de la construction existante, telles que son gabarit, sa géométrie cartésienne très efficace et sa symétrie, tout en les adaptant aux nouveaux standards de tels lieux culturels. Pour contrecarrer les faibles hauteurs libres et la fenestration en bande moins habituelle pour une bibliothèque, l’agrandissement offre des lieux baignés de lumière, des vues extraordinaires vers la rivière Yamaska, un accès à une terrasse extérieure et un environnement distinctif par rapport à ceux contenus dans le bâtiment existant.

    « Le faible pourcentage de fenestration du bâtiment existant permet de conserver un ratio d’ouvertures totales très intéressant d’un point de vue thermique, malgré la généreuse fenestration des espaces de l’agrandissement. La variété d’ambiances que procure cette composition bipartite contribue grandement à l’expérience des usagers, » souligne Maxime-Alexis Frappier.

    Volumétrie polyvalente et invitante 

    Le concept d'agrandissement se matérialise par une volumétrie divisée en deux fragments qui coulissent l’un sur l’autre pour créer un majestueux hall traversant reliant la nouvelle entrée piétonne du pôle culturel, à l'entrée véhiculaire près de la rivière. Ce hall polyvalent sert d'accueil, de préfonction, de café et de carrefour, favorisant une fluidité des interactions entre les utilisateurs. La transversalité du hall et l’effet de perspective qu’il crée captent les regards des passants et les aspirent vers l’intérieur. Le plafond de bois à caissons confère au tout, un aspect chaleureux, convivial et très invitant.

    Le volume du rez-de-chaussée abrite trois salles multifonctionnelles accessibles depuis le grand hall traversant. Telles des vitrines culturelles visibles depuis l’avenue Bourdages, les salles multifonctionnelles contribueront aussi à animer la future promenade urbaine Gérard Côté. Le concept d’aménagement permet une utilisation des espaces médiatiques en dehors des heures d'ouverture de la bibliothèque. Le café habite le hall et peut agir comme aire de service lors de vernissages ou d’évènements spéciaux. Le volume supérieur abrite quant à lui des aires destinées aux collections adultes. La translation volumétrique permet notamment l’aménagement d’une terrasse extérieure au niveau 2 offrant une vue spectaculaire et un espace de détente pour mieux apprécier la Yamaska.

    Variété d’espaces intérieurs et d’ambiances

    L’union du bâtiment existant et de l’agrandissement permet une pluralité d’espaces et surtout une variété d’ambiances où chacun peut y trouver son compte. À chaque étage, le plan s’articule autour d’un noyau de services et d’étagères qui est entouré d’espaces de lecture et de travail. Ces espaces sont logiquement positionnés en périphérie, le long de l’étroit bandeau de fenestration existante. Ces espaces de détente bénéficient donc d’un apport de lumière plutôt tamisé, qui est propice à la concentration avec des vues plus cadrées sur le paysage. La contrainte de la faible hauteur des plafonds de l’existant (8’-2’’) et les poutres de rive très basses servent bien pour délimiter les zones de lecture et de travail plus à l’échelle humaine et plus feutrée.

    À l’inverse, l’agrandissement permet des espaces généreusement baignés de lumière avec une immersion totale sur la nature. Le rayonnage est également plus bas, pour savourer le paysage.  Cette dualité entre l’ancien et le nouveau accentue le contraste de perspectives aux usagers : vastitude de la rivière et cadrage de l’interface ville-culture. Ces différentes solutions ont permis une optimisation des espaces, une flexibilité et une fluidité spatiale naturelle du parcours.

    Sur les trois niveaux, le dialogue entre l’existant et l’agrandissement se traduit par un seuil traité comme une absence de couleur noire. Facilement repérable par les usagers par son aspect monochromatique noir, cet interstice regroupe les principales circulations verticales. 

    Un nouveau phare culturel

    La nouvelle bibliothèque T.A. Saint-Germain agit tel un phare dans le paysage et établit ainsi une présence structurante dans le centre-ville historique de Saint-Hyacinthe. Elle constitue aujourd’hui une destination incontournable pour tous les résidents de Saint-Hyacinthe et contribue aux efforts de requalification du vieux centre-ville. Ce projet est un exemple probant de l’approche architecturale préconisée par ACDF, qui consiste à atteindre le parfait point d’équilibre entre efficience et esthétisme pour concevoir des projets de très grande qualité architecturale, tout en sachant définir ce qui est possible et ce qui est nécessaire.

    « Nous prônons une approche de conception axée sur un dosage plus optimal des ressources à employer pour créer une architecture significative, pour créer des lieux structurants et contributifs pour leur communauté. Nous espérons que l’approche responsable et frugale employée dans le cadre de ce projet d’agrandissement et de transformation peut servir à sensibiliser aux mérites de conserver notre patrimoine bâti et d’user d’une certaine retenue en regard aux moyens que nous employons pour concevoir des lieux d’exception. » conclut Maxime-Alexis Frappier.

    — 27 mai 2024 —