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"Cour du Dôme"

    Le projet « Cour du Dôme » de l’agence TAA a pour objet la construction neuve d’un programme mixte de 226 logements collectifs du T2 au T5, une résidence hôtelière Adagio 4* de 114 chambres et 7 locaux commerciaux à Toulouse (Région Occitanie, France).

    Contexte urbain et historique

    Le projet Cour du Dôme se situe au cœur du quartier Saint-Cyprien sur la rive gauche de la Garonne, dans un secteur marqué par une forte identité patrimoniale. L’ensemble monumental de La Grave, dont le dôme emblématique de la chapelle Saint-Joseph constitue un repère majeur de la ville, organise l’histoire urbaine du site depuis des siècles. L’ancienne présence de l’Institut Claudius Régaud (ancien Centre de Lutte Contre le Cancer de Toulouse), transféré à l’Oncopole en 2014, a libéré un îlot longtemps resté fermé, ouvrant la voie à une transformation d’ampleur.

    Situé au cœur du quartier Saint Cyprien, niché entre la centralité de la place Saint Cyprien et la Garonne, il jouit d’un contexte historique fort. En effet de nombreux bâtiments sont classés – Le Musée des Abattoirs et l’Hospice de La Grave pour n’en citer que deux – et valorisent les environs. Un regard particulièrement attentif a été porté sur la valorisation historique du site et sa qualité esthétique sous le regard de l’Architecte Bâtiment de France.

    Aménagement urbain

    Le projet s’inscrit dans la dynamique urbaine impulsée par Toulouse Métropole et les études de Joan Busquets, qui avait défini ce secteur comme un maillon manquant dans la continuité verte métropolitaine reliant les espaces publics majeurs de la rive gauche. Cour du Dôme vient renforcer la continuité paysagère entre la Prairie des Filtres, le jardin Raymond VI et le musée des Abattoirs tout en réintroduisant des traversées piétonnes et une porosité urbaine depuis longtemps disparue. Ce site exceptionnel a été traité avec toute la délicatesse possible pour se lier aux tissus alentours, mais également porter les ambitions d’une métropole qui se tourne vers son fleuve et ses atouts patrimoniaux.

    Longtemps enclavé de par ses fonctions, l’îlot La Grave dispose d’un patrimoine architectural remarquable par sa matérialité, ses proportions et son système de cours méritant d’être dévoilé. L’implantation du projet fait l’interface entre la forme urbaine classique de l’îlot de Saint-Cyprien et le réseau de cours de l’hôpital. Le dialogue s’engage alors entre architecture contemporaine et patrimoniale de manière à, sans muséifier ni dénoter, se révéler l’une l’autre.

    A cet égard, nos choix se sont portés vers un système bâti tramé, inspiré de la massivité de l’hôpital. Cependant, nous privilégions de larges ouvertures en relation avec les pièces principales et les espaces extérieurs. La qualité des matériaux de constructions apparait comme primordiale : la brique et la pierre sont privilégiées. La justesse du dessin des façades, ses vibrations et le travail sur la profondeur permettent à la lumière naturelle de créer des variations subtiles. La réduction de 30% de l’emprise au sol et la plantation de plus de 50 arbres participent à la respiration du quartier et à sa renaturation. Le site bénéficie également d’une accessibilité exemplaire : station de métro Saint‑Cyprien, 11 lignes de bus et 7 stations VélÔToulouse à moins de 5 minutes. Cette situation renforce sa vocation de pôle urbain majeur.

    Projet architectural

    L’architecture de Cour du Dôme est conçue comme un dialogue clair mais nuancé entre continuité historique et écriture contemporaine. Le projet s’appuie sur trois principes fondamentaux : la matérialité, la proportion et le rapport au grand paysage.

    Une matérialité située et raffinée

    Le choix de la brique foraine, typique de Toulouse, s’impose comme élément structurant. Sa texture irrégulière, sa porosité et ses nuances chromatiques permettent de retrouver la vibration des façades anciennes tout en affirmant une modernité maîtrisée. Trois teintes de brique ont été mélangées après prototypage afin d’obtenir une palette cohérente avec les constructions historiques de La Grave. Les encadrements, corniches et modénatures ont été composés en brique moulée ou découpée, créant des jeux d’ombre subtils tout au long de la journée. Les attiques, traités en béton préfabriqué et aluminium clair, assurent une transition harmonieuse entre socle minéral et ciel.

    Une composition tramée inspirée de La Grave

    Les volumes reprennent la logique massive des bâtiments hospitaliers historiques. Le projet s’articule autour d’un système de trames régulières, conférant robustesse et rythme tout en permettant l’intégration de loggias profondes. Ces retraits apportent à la fois des espaces privatifs qualitatifs et une respiration visuelle qui anime les façades et révèle leur épaisseur.

    Des attiques légers dialoguant avec le ciel

    Le couronnement en attique, traité en éléments préfabriqués de béton clair et panneaux d’aluminium, assure une transition douce entre les masses de brique et le ciel. Sa hauteur reprend exactement celle des ailes de l’hôpital historique, affirmant une relation respectueuse et mesurée au patrimoine classé voisin.

    Une mise en scène du Dôme de La Grave

    L’implantation des bâtiments est pensée pour révéler, depuis l’espace public et les logements, des vues cadrées sur le dôme. Les percées visuelles, les variations d’épannelage et les alignements recréent un dialogue constant entre nouvelle construction et silhouette historique. Le prolongement de la rue Piquemil permet de redonner aux citadins un point de vue sur l’Hôpital de La Grave. Depuis la cour intérieure, un axe visuel majeur redonne toute sa place au monument, devenant un repère quotidien pour les habitants, du grand panorama jusqu’au cadrage vertical. Le projet ne s’isole pas de son environnement mais en est la prolongation et l’anime par ses mises en scènes.

    Une grande cour végétalisée en cœur d’îlot

    Évoquant l’organisation traditionnelle de La Grave, la cour centrale propose un espace paysager généreux, planté d’essences locales. Sa géométrie apporte lumière, fraîcheur et qualité de vie, tout en ouvrant des perspectives croisées entre les différents bâtiments.

    L’ensemble forme une écriture architecturale puissante mais délicate, respectueuse du site et capable de révéler ses strates historiques sans pastiche. Cette approche équilibrée a été distinguée par la Pyramide d’Argent Occitanie 2023 dans la catégorie « Patrimoine et Qualité Urbaine ».

    — 4 Décembre 2025 —