Cycloïde Piazza
À l’occasion des Jeux Olympiques Paris 2024, le Centre Pompidou invite le plasticien Raphaël Zarka (né en 1977 à Montpellier) à créer une sculpture « skatable » sur la Piazza. Au croisement de la culture et du sport, praticable par les skateurs amateurs ou professionnels, cette Cycloïde Piazza, conçue avec la collaboration de Jean-Benoît Vétillard, propose au public de ré-expérimenter les lois et les courbes de la mécanique classique via la pratique et le spectacle du skateboard.
Telle une mini-place publique posée sur la large Piazza du Centre Pompidou, elle est agrémentée de gradins et d’escaliers. C’est un lieu de rencontres et de sociabilité urbaine, où la culture du skate s’élargit à la musique, aux vêtements, aux looks et aux postures du corps.
Au croisement de l’art, du sport et de l’étude scientifique du mouvement, Cycloïde Piazza est une sculpture monumentale qui présente la particularité d’être tout à fait « skatable », c’est-à-dire praticable par les skateurs amateurs ou professionnels. Superbement complexe et immédiatement accessible, cette œuvre met ici en dialogue, voire en frottement, l’univers du skate, l’histoire de l’art et la science des géométries courbes. Aux 17e et 18e siècles, Galilée et ses successeurs étudiaient la chute des corps en faisant rouler de petites billes dans des canaux. Raphaël Zarka reprend la forme et les principes de certains de ces appareils que l’on trouvait dans tous les cabinets de physique expérimentale de l’âge classique, et les adapte à l’usage du skateboard. C’est d’ailleurs l’astronome Galilée qui, en 1599, nomma « cycloïde » cette courbe reconnue comme la plus rapide et que Raphaël Zarka a été le premier à introduire dans une infrastructure de skateboard.
Les formes de l’art et les recherches scientifiques trouvent ainsi un prolongement inédit et spectaculaire dans cette sculpture aux références nombreuses : ainsi peut-on songer, au début du 20e siècle, aux mouvements du Constructivisme ou de l’Abstraction Géométrique, et notamment aux œuvres de figures féminines pionnières comme Katarzyna Kobor, Lioubov Popova, Sophie Tauber-Arp ou encore Sonia Delaunay.
Quant au choix des couleurs ocres (rouge, vert, jaune), il évoque aussi bien le ton des peintures de la Renaissance que le répertoire polychrome établi dès 1931 par l’architecte moderniste Le Corbusier.
Pour Raphaël Zarka qui est monté sur une planche dès l’enfance, « le skateboard a ceci de particulier qu’il marque de manière indélébile la façon d’appréhender les formes et les espaces. ». C’est donc pour lui une source d’inspiration pour ses œuvres, un objet de recherche et de spéculation. L’artiste est aussi l’auteur de plusieurs livres sur le sujet, qui en font l’un des meilleurs connaisseurs de ce sport en France : La Conjonction interdite, Chronologie lacunaire du Skateboard, 1777-2009 ou encore Free Ride et Riding Modern Art (éditions B42).
Quatrième volet d’une série de sculptures praticables initiées par l’artiste à New York en 2011, Cycloïde Piazza propose une multiplicité de points de vue sur le Centre Pompidou et son environnement. Ici, la rampe de skate se voit largement agrémentée de gradins et d’escaliers, de coursives et de podiums où les visiteurs peuvent venir marcher, se reposer, se réunir ou s’adonner à la glisse, dans une libre invention des usages.
« Le mot Piazza indique un changement d’échelle : ma sculpture est conçue comme un espace, une petite place sur la place, une piazza sur la piazza ». — Raphaël Zarka
Jusqu’au 15 septembre 24